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Patrick Spica et Nicolas Bourgouin “Didier, moi et les autres…” un documentaire d’utilité publique – l’interview croisée

Patrick Spica et Nicolas Bourgouin “Didier, moi et les autres…” un documentaire d’utilité publique – l’interview croisée

“Briser le silence, c’est rendre la vie à ceux qui l’ont perdue”

Dans “Didier, moi et les autres… Les enfants du silence”, le producteur Patrick Spica (PS) et le réalisateur Nicolas Bourgouin (NB) reviennent sur la genèse d’un film habité par la résilience, l’urgence de dire, et l’humanité de ceux qui témoignent. Entre intuition, lâcher-prise et nécessité, ils racontent la naissance d’un documentaire devenu un acte de libération.

Tout est parti d’une rencontre

Pouvez-vous nous raconter la rencontre qui a déclenché la réalisation de ce projet ?

PS : Je me souviens t’avoir conseillé de contacter Didier Barral, un ami qui avait vécu la même épreuve d’enfance que toi.

NB : J’étais très ému, et je ne savais pas comment faire ce film. Je refusais le simple “film de chaises”. C’est la rencontre avec Didier, déjà en mouvement, qui m’a donné le fil rouge et la dynamique de la réalisation.

Une expérience commune de lâcher-prise

Vous parlez tous deux d’une expérience de “lâcher-prise” et de résilience. Quelle a été la nature de votre relation autour de ce thème ?

PS : Nos échanges nous ont permis de vivre ensemble une forme de résilience. Nous sommes des révélateurs l’un pour l’autre, se transmettant une énergie, un courage. Tes deux derniers films sont d’ailleurs des œuvres de grands résilients.

NB : Oui. Et grâce à toi, ce sujet n’est pas resté “au restaurant”, il a pris le large. Le pari, c’était d’aller chercher les mots que l’on se dit entre nous, quand on partage une même expérience de vie. Ces mots-là manquent à la télévision.

Faire jaillir la lumière de la chambre noire

Quel message d’espoir vouliez-vous transmettre au public ?

PS : Tes films sont une leçon de courage pour tous ceux qui traversent des épreuves graves. Tu montres qu’en trouvant le bon chemin intérieur, on peut s’en sortir. C’est un souffle d’espoir.

NB : C’est exactement l’idée : “De la chambre noire jaillit la lumière.” Toute épreuve doit aboutir à quelque chose de positif. Ce film est un exutoire, une libération qui fait du bien.

Mettre en scène la douleur… pour en tirer de l’énergie

Comment abordez-vous la mise en scène de sujets douloureux pour qu’ils restent porteurs d’énergie ?

PS : Ton talent est de rendre ces thèmes lumineux. On sort de tes films requinqués, jamais assommés. Ton écriture viscérale donne une énergie positive et transforme la souffrance en force.

NB : Il est vital de transformer une expérience traumatique, agression sexuelle, cancer, en quelque chose de constructif. Sinon, c’est la double peine. Je crois aux paroles comme à des “petites clés qui ouvrent des verrous”. Si une seule personne avance grâce à ce film, c’est gagné.

J’ai choisi ce métier pour faire ce film

Ce film représente-t-il une étape de libération personnelle ?

PS : Tu captures l’essence de la souffrance, notamment celle de personnalités comme Didier. Pour beaucoup, l’agression impose le silence. Le fait de pouvoir parler, publiquement, est salutaire.

NB : C’est plus que ça : j’ai l’impression d’avoir réussi ma vie. J’ai choisi ce métier pour faire ce film, pour libérer la parole, d’abord la mienne. Je suis debout, vivant, et je peux aider les autres à parler. C’est une libération totale.

Briser le tabou de la parole masculine

Pourquoi était-il si important de briser ce tabou ?

PS : Le contexte MeToo libère la parole, et c’est une avancée essentielle.

NB : Surtout celle des hommes, longtemps taboue. Ce film est l’un des premiers à aborder les abus sexuels sur les jeunes garçons. Une certaine fierté masculine laisse penser qu’un homme victime “ne s’est pas défendu”. Mais il s’agit d’un enfant face à un adulte.

Avec des hommes très différents, comme Didier, “J’étais pas une victime, j’étais un tempérament”, on montre que cela peut toucher, et touche, tout le monde.

Didier, moi et les autres… les enfants du silence, le 19 novembre 20H40 sur LCP et en Replay sur LCP.FR